RÉSISTER - Les arts en balade - 24 mai > 25 juin 2023 - Clermont-Ferrand
10 mars 2023 : mise en ligne de la grande commande photographique sur le site de la BnF
24 mai 2023 : rencontre avec pour thème "la fabrique des représentations", librairie Les Volcans, Clermont-Ferrand
26 mai 2023 : première exposition publique de ce travail en tant qu'artiste invitée, festival Les arts en balade, Clermont-Ferrand
9 juin 2023 : projection de la série lors de l'ouverture du festival Les femmes s'exposent, Houlgate
23 octobre 2023 : parution du livre "Et l'amour aussi..." aux éditions La Déferlante
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Ces photographies ont été produites dans le cadre de la grande commande nationale « Radioscopie de la France : regards sur un pays traversé par la crise sanitaire » financée par le Ministère de la culture et pilotée par la BnF.
Il y a 10 ans, en 2012, la séquence politique dite « du mariage pour tous » nous a montré le manque de représentations des lesbiennes aussi bien dans le débat public que dans l’imaginaire collectif. Alors que nos corps, nos droits reproductifs étaient un enjeu central de la loi, nous étions quasi absentes des plateaux télés, radios et journaux. Etaient invités des hommes, majoritairement, et des femmes opposées à la loi. Ce travail photographique veut créer les représentations qui manquent, faire des portraits, parler d’amour, de solidarités, d’engagement, de ce que 2012 a pu changer ou pas dans nos vies.
J'ai souhaité rendre compte de la grande diversité de celles qui se disent lesbiennes, homos ou gouines, qui « aiment quelqu’un », qui se taisent, qui ont migré vers de plus grandes villes où qui sont restées en régions, de celles qui se sont mariées ou pas, de celles qui sont arrivées par la mer et qui, violées, accouchent ici, soutenues par d’autres lesbiennes,…
Tout est politique dans l’être au monde minoritaire, consciemment ou pas, et « l’amour » lesbien en terres hétéronormées est toujours une expérience complexe malgré de plus nombreuses représentations.
Tout est politique dans l’être au monde minoritaire, consciemment ou pas, et « l’amour » lesbien en terres hétéronormées est toujours une expérience complexe malgré de plus nombreuses représentations.
Pour commencer ce projet, des femmes s’imposaient, militantes, engagées. Elles sont des références incontournables, pour l’histoire, pour les solidarités. Il y a 10 ans je n’aurais jamais participé à ce projet et me tenais loin des lesbiennes parce que je voulais rester tranquille, ne pas être «identifiée», «étiquetée». Mais la violence des débats m’a fait, comme beaucoup d’autres, sortir du bois, de l’ombre.
Alors pour aller rencontrer toutes les autres femmes de ce projet je suis passée par les hétérosexuel·les car ce sont eux et elles qui connaissent des «lesbiennes invisibles», une sœur, une tante, une voisine. Il manque bien sûr celles que je ne rencontrerai jamais, qui ont refusé par peur, par rejet d’un projet mené dans un cadre institutionnel. Les lesbiennes se méfient souvent des institutions, comme tout groupe minoritaire. Nous avons parlé de ce que ces débats et le vote de la loi a changé dans leurs trajectoires, leurs manières de se penser, les mots pour se nommer. Être hors cadre, minoritaire et vivre dans un monde hétéronormé nécessite des mots pour se dire, des mots qui disent des époques, des milieux et des parcours de vie. Les femmes qui ont participé à ce travail ne se réduisent pas au fait d’aimer les femmes, d’être lesbiennes, homos ou gouines. Elles sont bien plus, leurs identités sont multiples. Mais elles ne sont surtout pas moins.
Chaque image est une aventure construite ensemble, dans un lieu qu’elles choisissent. Il y a des couples, des familles, des célibataires, des poly-amoureuses, des enfants, des êtres dont j’admire le courage qui se racontent, qui pensent et imaginent l’amour.
40 portraits, 50 femmes, 3 hommes (deux cis et un trans), 3 enfants,
des manifs, des commémorations, beaucoup de rires, d’émotions et d’amour.
des manifs, des commémorations, beaucoup de rires, d’émotions et d’amour.
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"Par goût, petite fille on devient une Indien d’Amérique – on rêve d’espace et d’indépendance, on se met un bandeau sur le front pour tenir ses cheveux longs, on s’habille en pantalon. On ne sait pas, alors, que les Indiens survivent dans des réserves.
Avec le temps, on devient adulte, les choix s’affirment. On encaisse les coups en se disant que c’est le lot commun, on fait sa vie avec une femme et son enfant. Ça va mieux, ça va bien.
Et brutalement, les signaux passent au rouge. Quand une agence lui a demandé un reportage sur la Manif pour Tous, Marie a dit non. Impossible de les photographier, ces foules qui bannissent les couleurs arc-en-ciel de leur monde en rose et bleu.
À la place, Marie a fouillé dans ses archives, dans ses souvenirs, elle a tatoué sur ses photos la violence des arguments réactionnaires repris par les traditionalistes de tous bords. Son livre, Alors je suis devenue une Indien d’Amérique… fait le récit, en mots et en images, d’une prise de conscience courageuse et lucide qui restitue le choc dans toute sa brutalité." Commander